"A generous and elevated mind is distinguished by nothing more certainly than an eminent degree of curiosity, nor is that curiosity ever more agreeably or usefully employed, than in examining the laws and customs of foreign nations." (Samuel Johnson)

lundi 19 juin 2017

Code de déontologie du traducteur juridique (Jean-Claude Gémar, 1988)

Ce « code de déontologie » figure en annexe d'un article publié en 1988 dans la revue Meta (La traduction juridique : art ou technique d'interprétation ?, Meta, vol. 33, n°2).

Gémar y énonce les grandes règles que le traducteur juridique, débutant ou expérimenté, doit observer dans la pratique quotidienne de son métier. Près de 30 ans après la parution de l'article auquel il est annexé, ce texte garde toute sa pertinence et mériterait assurément une plus large diffusion. Tout traducteur juridique gagnera à s'inspirer de ces « dix commandements » et à y revenir régulièrement.

Article 1er : Généraliste du droit, de préférence à spécialiste, de devenir t'efforceras.

Article 2 : Traducteur avant tout resteras, car de la langue au service demeureras.

Article 3 :  Les principes généraux du droit parfaitement assimileras.

Article 4 : Le langage du droit et ses subtilités possèderas.

Article 5 : La langue d'arrivée ta langue maîtriseras.

Article 6 : Le système juridique étranger et la langue qui l'exprime le mieux possible comprendras.

Article 7 : Le système juridique d'arrivée sous tous les angles connaîtras.

Article 8 : L'auteur du texte de départ et son intention, de même que son expression le moins possible trahiras.

Article 9 : Ta langue et son style propre respecteras.

Article 10 : À la facilité jamais ne céderas et de rigueur preuve du feras.

J'adhère pour ma part totalement à ces principes mais me permettrais d'en ajouter deux, qui ne sont pas propres à la traduction juridique mais qui y sont peut-être plus importants que dans d'autres domaines :

Article 11 : Le doute systématique tu pratiqueras.

Par « doute systématique », j'entends principalement le doute à l'égard du texte source. Le traducteur, cédant parfois à la facilité dont il est question à l'article 10 ci-dessus, ne relève pas toujours  et donc ne signale pas à son client, comme il le devrait les incohérences éventuellement présentes dans le texte original (incohérences dans les dates, erreurs dans la numérotation des articles ou paragraphes, incohérences terminologiques, etc.). Or, le signalement de ces incohérences et autres lacunes du texte source participe de la valeur ajoutée que peut apporter le traducteur.

Article 12 : De tes propres limites toujours conscience tu auras.

La connaissance de ses limites permet au traducteur de refuser les missions qui sortent de ses compétences et les délais qui ne lui semblent pas compatibles avec un travail de qualité. Les traducteurs qui peuvent tout traduire, même dans des délais extrêmement courts, m'inspireront toujours la plus grande méfiance.

Le « Code de déontologie du traducteur juridique » m'accompagne depuis longtemps. Il éclaire mon travail au quotidien et vient utilement me rappeler, quand j'ai tendance à les oublier, les principes cardinaux d'une discipline à laquelle Jean-Claude Gémar a tant donné. Les traducteurs juridiques de tous horizons peuvent le remercier de ce précieux vade-mecum. Il leur appartient maintenant de contribuer à son rayonnement, en en faisant la plus large publicité possible.








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